Samuel porte le poids de la mort de sa femme. Il se dispute régulièrement avec sa jeune fille qui, comme lui, souffre de la perte de sa mère. Lorsque Samuel se rend pour un week-end dans son chalet d'hiver au milieu des Alpes italiennes, il y rencontre Chehreh, une jeune Afghane. Cette immigrée clandestine vient se réfugier chez lui pour échapper au froid glacial. Samuel ne veut pas d'ennuis, mais se résout tout de même à aider la jeune femme. La destination de Chehreh : la frontière française. Le problème : la dureté de la nature inhospitalière et l'hostilité glaciale des autochtones, qui veulent absolument stopper la fuite de Chehreh. Le premier film de Guillaume Renusson se situe quelque part entre le western des neiges et le drame des réfugiés. White Hell » s'appuie moins sur le cadre sensationnel de son titre, le monde hostile des montagnes enneigées, que sur le rapprochement touchant d'une migrante courageuse et d'un homme solitaire qui ne peut pas mettre de côté sa compassion et sa serviabilité.... et ne veut pas le faire. C'est là que la réaction de défense brutale des autochtones qui se lancent à la chasse de l'autre côté paraît extrême. Au vu de l'isolement de l'Europe et des États-Unis, où des groupes d'autodéfense n'hésitent pas à recourir à la violence armée pour traquer les immigrés clandestins, le récit semble toutefois terriblement actuel. Outre sa critique de la société, Renusson parvient à intensifier les moments de tension de son récit au milieu des paysages à couper le souffle des Alpes italiennes et à donner naissance à un véritable thriller de survie. Il est aidé en cela par le jeu de cette communauté de destins, fortement interprétée par Denis Ménochet (« Peter von Kant ») et Zar Amir Ebrahimi (« Holy Spider »). "Denis Ménochet (après le sans faute de 2022 : Peter Von Kant de François Ozon et As bestas de Rodrigo Sorogoyen) bouscule sa grande carcasse fracassée de l’intérieur ; il porte en lui l’ambivalence de cette enveloppe de titan cachant un cœur brisé. Lorsqu’il pose sa grosse main sur le corps tremblant de sa partenaire, pour la réchauffer au cours d’un plan-séquence de treize minutes, les larmes nous montent aux yeux. Le tour de force du tournage en pleine montagne ne s’impose jamais devant l’histoire. Les Survivants respecte l’intelligence du spectateur et jamais le fond ne prend le pas sur la forme. Pourtant, ce que dit ce beau film haletant, c’est qu’en aidant quelqu’un, parce qu’il le faut, parce que c’est indiscutable, il n’est pas impossible que cette personne vous sauve la vie." (Isabelle Danel, sur : bande-a-part.fr)